Numéro : 31

Titre : A perte de vue (Une histoire vraie de David Lynch)

Parution : Février 2000

Prix : 2 €

Description :

Grand créateur d’atmosphères et d’ambiances, inventeur génial de récits complexes et fascinants provoquant l’addiction quasi immédiate, David Lynch compte parmi les metteurs en scène américains les plus inventifs de ces vingt dernières années. Pour les admirateurs de la première heure et les nouveaux inconditionnels - de plus en plus nombreux depuis la consécration critique de Lost Highway -, un nouveau film de Lynch, c’est la promesse d’une expérience de spectateur intense, d’un territoire intriguant à essayer et à explorer. Rarement un cinéaste réputé “difficile” et “obscur” comme lui aura suscité un tel phénomène d’attente de la part du public (de “son” public devrait-on dire plutôt, car l’audience d’un film de David Lynch n’entretient que très peu de rapports - tant quantitatifs que qualitatifs - avec la clientèle anonyme d’une bande hollywoodienne quelconque). Ceci dit, le caractère micro-événementiel que revêt alors la sortie d’un nouvel opus n’est pas sans effet pervers, et paradoxal dans ce cas précis : le risque de la déception est d’autant plus grand que l’attente fut longue et très soutenue. Ainsi, malgré un nouvel accueil critique très enthousiaste, on a souvent pu déceler quelques traces de mécontentement et de désappointement à la sortie d’Une Histoire vraie. Comme si les sortilèges tant attendus d’une image hallucinée et hallucinogène avaient manqué d’éclat et de retentissement. Il faut pourtant s’en remettre à l’évidence, qui justement semble être à l’origine de la déconvenue : qu’y a-t-il d’étonnant à ce que Lynch étonne ? C’est bien le contraire qui surprendrait notre déception ! Reste qu’avec Une Histoire vraie, derrière le masque du renouvellement, Lynch démontre avec la même force l’étendue des possibilités de son cinéma, qui décidément ne ressemble à aucun autre. Car de la “Lost Story” à la “Straight Highway”, du Moi défiguré à l’émoi communiqué, la seule véritable histoire du cinéma de Lynch demeure celle de l’être en son for intérieur. Nouvel itinéraire, sans aucun doute, mais destination identique : donner à voir les mouvements de la conscience et trouver une forme cinématographique idoine au travail de la subjectivité… 

 

(Eclipses 31, ancienne formule, Février 2000)

Auteur : Youri Deschamps

Format : PDF à télécharger

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