Numéro : 58

Titre : Approche de la jeune fille

Parution : Juin 2016

Prix : 2 €

Description :

Dans Van Gogh (1991), une jeune fille radieuse avance vers nous d’un pas naturel. Mais le plan est trop harmonieux pour ne pas être suspect. Cette jeune fille, semblant venir d’un ailleurs, s’appelle Marguerite, prénom qu’on dirait inventé pour faire faustien s’il ne venait directement de la réalité (l’authentique fille du docteur Gachet). Or, Maurice Pialat en comptait déjà une dans son répertoire, celle de La Maison des bois (1970). Ainsi, la représentation de la jeune fille provient-elle de plusieurs coïncidences, dont les souvenirs arrangés d’Arlette Langmann à la source de deux films : Passe ton bac d’abord (1979) et A nos Amours (1983), et la rencontre d’adolescentes réelles dont l’une semble vraiment éclipser les autres : Sandrine Bonnaire, devenue « tout simplement le plus miraculeux personnage de jeune fille du cinéma français ». Les autres filles ne sont-elles pas cependant aussi remarquables, bien que plus discrètes ? Nous voudrions rendre Suzanne, déjà très étudiée, à une lignée complexe car les autres ne sont pas réductibles ni à des brouillons ni à des refontes. N’ont-elles pas souvent en commun d’avoir de la répartie, d’avoir « la gueule ouverte » ?

Comment définir sinon en effet la jeune fille ? Par son âge ? Par sa virginité ? Par son statut de femme sans enfants ? Les critères ont évolué dont l’œuvre garde pourtant la trace (ainsi Catherine, qui vit toujours chez ses parents, dans Nous ne vieillirons pas ensemble, film de 1972, semble nommée ainsi en raison de sa hantise de coiffer la Sainte-Catherine). La jeune fille n’est-elle pas vue par le regard d’un homme plus âgé comme celle qui n’en fait qu’à sa tête ? Le temps d’apprendre à vivre, n’est-il pas trop tard, comme le suggère l’implacable mouvement des films vers la tristesse, qui n’est alors plus celle de la jeune fille ?

Auteur : Violaine Caminade De Schuytter

Format : PDF à télécharger

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