Numéro : 61

Titre : Différer l’identification

Parution : Décembre 2017

Prix : 2 €

Description :

Nommer trop tôt la menace est souvent une façon d’en nier la portée, la gravité, voire l’existence même. En renvoyant l’inconnu à des catégories connues, on court le risque de le méconnaître et de le voir resurgir avec des effets décuplés. À l’inverse, pouvoir enfin mettre le nom adéquat sur l’origine de la souffrance traumatique peut être une bonne façon de maîtriser les affects. C’est parfois par superstition qu’au contraire on choisit d’éviter de ne pas nommer le danger, comme les personnages de Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2004), qui préfèreraient ne pas dire « the Z-word ». Ces Bartlebys de l’appellation sont à différencier du cas des personnages du film Sixième Sens de M. Night Shyamalan, qui proposent à la vigilance du spectateur plusieurs stratégies de désignation qu’il convient de distinguer avec précaution, en fonction du foyer d’étrangeté concerné.

Différer l’identification, ce sera donc aussi distinguer les phénomènes au lieu de les confondre, et détacher les mots effrayants des êtres qu’ils manquent à nommer convenablement. Sixième sens met en présence un jeune garçon, Cole Seer (Haley Joel Osment), qui vit avec sa mère et son psychologue le docteur Malcolm Crowe (Bruce Willis).

Au début du film, celui-ci a subi l’intrusion dans son domicile d’un de ses patients, Vincent Grey.

Le film est organisé autour des rendez-vous de Cole et de Malcolm, auquel son jeune patient révèle qu’il a le pouvoir de voir les morts. Ce que Malcolm (et le spectateur ?) mettra tout le film à comprendre, c’est que lui aussi fait partie de ces morts que Cole a le pouvoir de voir…

Auteur : Jean-François Baillon

Format : PDF à télécharger

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