Numéro : 49

Titre : Eloge de la Fuite

Parution : Décembre 2011

Prix : 2 €

Description :

Dès l’ouverture de leur premier film (Blood Simple, 1984), les frères Coen ont déjà tout dit : un couple en ombres chinoises est saisi de dos au volant d’une voiture qui roule de nuit sous une pluie battante. Les deux individus sans visage prennent la fuite tandis que les cieux fuient de toute part. Le ciel est fissuré tandis que l’horizon des fugitifs, lui, est obstrué. Le récit n’a pas encore vraiment débuté que fuite/évasion (action visant à se soustraire à quelque chose de pénible, de dangereux) et fuite/écoulement (écoulement d’un fluide, d’un gaz par une fissure) sont déjà associées visuellement et narrativement. Il continuera d’en être de même durant le reste de la filmographie du duo créatif.

Pourtant, au-delà de l’homophonie, quelle est la pertinence de ce rapprochement entre les deux acceptions du mot « fuite » ? L’imprécision de ce vocable de surface est susceptible, nous semble-t-il, d’être analysée jusqu’à un niveau élémentaire sous-jacent. Les deux acceptions de surface (évasion et écoulement) renverraient en fait à une unité de sens profonde.

En fait, il n’est guère ardu de comprendre que si l’on prend la fuite, c’est souvent du fait de l’apparition d’une fissure dans un système sous pression de canalisations jusqu’alors étanches (que ce système soit social ou, plus prosaïquement, composé de simples tuyaux).

Nous verrons toutefois que la fuite en avant qui caractérise les films des frères Coen – qui résulte en partie du post-modernisme de leur écriture (non pas en terme de relativisme, mais d’hétérogénéité : mélange des temps et des genres, références multiples, etc.) – constitue un excellent moyen de tester en grandeur nature les hypothèses qu’ils émettent quant aux réactions de leurs personnages. Sans que la fuite de ces derniers soit nécessairement entachée d’un jugement moralisateur…

Auteur : Franck Boulègue

Format : PDF à télécharger

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