Numéro : 48

Titre : Examen de conduite

Parution : Juin 2011

Prix : 2 €

Description :

Truffaut confiait de Jules et Jim, film sur l’amour d’une femme pour deux hommes : « J’ai voulu faire un film subversif avec une douceur totale ». N’est-ce pas également l’intention de Sidney Lumet dans Un après-midi de chien (1975), film dans lequel il cherche à rendre l’homosexualité du héros non « monstrueuse » et à faire en sorte que la déclaration d’amour qu’il fait à sa seconde « femme » qui n’est autre qu’un homme soit profondément touchante ? Cette douceur n’est cependant pas la tactique de son dernier film, 7h58 ce samedi-là (2007), autre film de braquage qui tourne mal, où le coup de force inaugural d’une scène érotique sans crier gare trahit plutôt la volonté de déstabiliser le spectateur . Le film enchaîne les épisodes violents dans un engrenage sordide : Andy (Philip Seymour Hoffman), qui a des problèmes d’argent, a l’idée de faire cambrioler la bijouterie de ses parents par son frère Hank (Ethan Hawke). Mais leur mère, qui ne devait pas être là, est tuée par le truand Bobby que Hank a engagé à l’insu de Andy pour le seconder. Le beau-frère de Bobby mort lors du braquage fait chanter Hank : Andy décide alors d’attaquer son dealer pour se procurer la somme d’argent requise. Il le tue ainsi que, finalement, le maître-chanteur. Le père, Charles, mène l’enquête pour trouver le coupable de la mort de sa femme et découvre la responsabilité de son propre fils.

 

Le titre original est une sentence emphatique (ou ironique) : « Before the devil knows, you’re dead » (« Avant que le diable ne le sache, tu es mort »). Est-ce à dire que Lumet se complaît à jouer les prédicateurs, lui qui semble avoir pourtant pour adage de refuser la folie de croire qu’il exprimerait un quelconque « message divin » ? Outre cette voix auctoriale (?) du titre, deux autres personnages invoquent le diable : le père et son double méprisé, le receleur désabusé. Le réalisateur partage-t-il leur cynisme ? Lumet est un cinéaste chevronné.  Et si, tel le patriarche, il était soumis à un test de conduite (dans tous les sens possibles) ? Le recours à une caméra digitale constitue ici un des défis relevés par un cinéaste qui n’a eu de cesse de se renouveler au risque de l’hétérogénéité. Pourtant, l’opposition formelle entre les films ne cache-t-elle pas une parenté plus profonde ?

Auteur : Violaine Caminade De Schuytter

Format : PDF à télécharger

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