Numéro : 48

Titre : Fides, ut anima, unde abiit eo nunquam redit

Parution : Juin 2011

Prix : 2 €

Description :

On invoque souvent le manque de cohérence thématique de l’œuvre de Sidney Lumet, son caractère apparemment éclectique, afin d’expliquer le fait qu’en dépit d’une filmographie pour le moins conséquente il n’ait jamais vraiment accédé (auprès de qui ?) au statut tant convoité « d’auteur » et soit demeuré tout au long de sa vie dans un relatif anonymat critique. Il est vrai qu’un simple survol de sa production pourrait en amener certains à ne voir en lui qu’un simple « faiseur », un honnête touche-à-tout voguant de-ci de-là au gré des projets qui lui étaient proposés.

Pourtant, à y regarder de plus près, certaines constantes apparaissent clairement au sein de cet apparent désordre créatif : le théâtre, bien sûr ; New York, aussi ; la police et la corruption qui la gangrène ; la psychanalyse et le nécessaire travail d’inventaire auquel tout homme doit se livrer sur lui-même ; le système judiciaire et les multiples grains de sable qui viennent bloquer son bon fonctionnement...

Mais plus encore que toutes ces pistes de lecture, un chemin semble mener jusqu’au cœur des préoccupations de Lumet : celui de sa véritable obsession pour la notion de « confiance ». Sans tomber dans le réductionnisme, on peut en effet considérer qu’il s’agit là d’une voie d’accès privilégiée à la « substantifique moelle » de son travail.

Pas un film de Sidney Lumet ne fait l’économie d’une réflexion sur cette notion, sur ce qui la sous-tend et sur ses conséquences. De Douze hommes en colère (Twelve Angry Men, 1957) à 7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows, You’re Dead, 2007), via Point Limite (Fail Safe, 1964), Serpico (1973) ou Une étrangère parmi nous (A Stranger Among Us, 1992), la confiance constitue le leitmotiv récurrent que le cinéaste a patiemment décliné de film en film, sous toutes ses formes.

On peut ainsi dire que le soupçon est roi dans une part importante de sa filmographie, que ce soit vis-à-vis d’un individu ou d’une institution ; pourtant, par-delà cet état de méfiance sociale généralisée, le fonds du problème semble bien se terrer au plus profond de chacun de ses personnages, dans leurs failles intestines ; le constat n’est toutefois pas complètement sombre, car un cercle vertueux pouvant mener à davantage de confiance – en soi comme en autrui – peut être enclenché, à l’instar de ce qui a lieu dans certains de ses films.

Auteur : Franck Boulègue

Format : PDF à télécharger

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