Numéro : 72

Titre : Jeu de dupes

Parution : Octobre 2023

Prix : 2 €

Description :

Clint Eastwood est un libertarien notoire qui ne cesse d’affirmer, à travers ses prises de position personnelles, ses entretiens et son travail à la fois de réalisateur et de producteur, la primauté de l’individu face aux institutions qui sont présentées de manière générale comme au mieux des freins, dans le pire des cas de dangereuses menaces pour les libertés individuelles.

Il n’est donc pas étonnant que, pour son quatrième film, La Sanction (The Eiger Sanction, 1975), il s’attaque au genre du film d’espionnage. En effet, ce genre est un terrain idéal pour présenter un individu aux prises avec des organisations, étatiques ou non, plus grandes et plus puissantes que lui, qui représentent une menace à la fois pour lui et pour Monsieur-tout-le-monde.

Le monde de l’espionnage est un monde de secrets et de trahisons où règne d’une main de fer la raison d’état et où l’individu n’est qu’un pion, sacrifiable si nécessaire, un monde plus proche de la vision de Machiavel et de Hobbes que de celle d’Ayn Rand. Le film d’espionnage laisse évidemment plus de place à l’individu, ne serait-ce que pour des raisons narratives, comme l’atteste les aventures de James Bond, le plus célèbre des espions de cinéma, ou la gloire posthume de Mata Hari, mais il ne peut, par sa nature même, s’affranchir complètement du jeu des États et des organisations secrètes.

Or, c’est l’opération que tente Clint Eastwood avec La Sanction. Il déconstruit le genre, en détourne les codes, en désamorce les effets, en parodie les tics pour finalement obtenir un film d’espionnage où l’espionnage n’est qu’un jeu infantile et sans importance. Par ce processus, le long métrage s’inscrit parfaitement dans la filmographie de son réalisateur et de sa critique constante des institutions…

Auteur : Léo Corroyer

Format : PDF à télécharger

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