Numéro : 29

Titre : Journal intime d'une itinérance burlesque (L'oeuvre comique de Pierre Salvadori)

Parution : Avril 1999

Prix : 2 €

Description :

Au sein d’un panorama cinématographique voué à l’émergence d’une pratique critique qui oeuvre à saisir l’acte filmique moderne afin de l’extraire de la gangue du nouveau, de l’actuel ou encore du contemporain - autant de travestissements qui le dénaturent mais qui incombent de surcroît à l’événementiel -, force est de constater que le vocable “comédie” suscite une inclination à une certaine crispation des plumes… Si d’aucuns cultivant l’arbitraire aiment à jeter la suspicion sur toute fiction ouvrant son champ d’expérimentation au gag, pour autant il ne s’agit pas encore de la manifestation d’une volonté d’expurger des mémoires de la cinéphilie la paternité du genre susnommé dans les sédiments des champs d’honneur de l’histoire du cinéma. Cependant, l’avalanche superfétatoire de bouffoneries - esquisses frictionnelles pour zygomatiques en appétence (qui pullulent viscéralement le circuit de distribution), ne saurait rendre compte à elle seule d’un certain ratage entre, d’une part, un cinéma moderne soucieux de préserver tout de go sa conscience malheureuse du monde qu’il enregistre exclusivement ; et, d’autre part, une dimension éminemment spécifique au cinéma classique et à ses codes illusionnistes mais, depuis, trop systématiquement évacués de la sensibilité moderne : le rire. Le parcours marginal pour ne pas dire chaotique d’un Jacques Tati fait état à nos yeux d’une exception qui confirme la règle édifiée. A l’aube du troisième millénaire et à mesure que le cinéma moderne crée les conditions sine qua non de sa propre historicité, il semble que l’incurie des temps anciens se fasse moins ardente. Non pas pour laisser place à quelque révolution copernicienne du catalogue des genres, mais davantage pour inciter peu ou prou quelque auteur, pour le moins, à occuper le champ laissé libre, pour le plus, à s’interroger sur une réappropriation voire une réinitialisation des paramètres fictionnels historiques d’un territoire aujourd’hui vaquant. Figure privilégiée car heureux signataire de quelques comédies emblématiques de l’air du et/ou des temps, Pierre Salvadori se veut l’artisan (pour ne pas dire l’opérateur filmique) d’une greffe, sujette au rejet à l’aune des tentatives enregistrées, multiples et éparses…

(Eclipses 29, ancienne formule, Avril 1999)

Auteur : Jean-Michel Hellio

Format : PDF à télécharger

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