Numéro : 56

Titre : La fête trahie ou la tristesse de la survie

Parution : Juin 2015

Prix : 2 €

Description :

Il peut sembler de prime abord paradoxal de mettre en avant le motif de la fête dans l’univers de James Gray, dont les films sont « délibérément sombres ». Une atmosphère de défaite y prédomine. Car si le réalisateur, aux dires d’un collaborateur, rit dans les moments difficiles, ses protagonistes pleurent, du moins intérieurement, dans les moments de réjouissances. La reconnaissance sociale, qui les consacre membres d’une communauté, coïncide avec un renoncement tragique, à la fois nécessaire et impossible, que ce soit dans La Nuit nous appartient (2007) ou Two Lovers (2008). Ce sentiment d’exil au cœur de la fête n’est-il pas l’héritage d’un déracinement ? The Immigrant (2013) revient sur l’expérience personnelle du réalisateur, mais vaut aussi sur un plan national, et plus largement ontologique : « je ne sais pas où c’est chez moi », y constate amèrement l’héroïne. Que les protagonistes reviennent chez eux ou partent loin, leur horizon semble bouché.

La fête de James Gray, plus ou moins modeste selon le type de classe sociale, est avant tout familiale, bien qu’élargie au gré des intérêts professionnels ou politiques fluctuants. Mais elle peut aussi nous plonger dans un bain de foule anonyme. Quoique dépeignant un New York moderne, l’évocation de la fête y est surtout mythique : celle d’un sacrifice favorisant le retour d’une cohésion sociale suspecte…

Auteur : Violaine Caminade De Schuytter

Format : PDF à télécharger

Ajouter au panier