Numéro : 69

Titre : La grimace et autres rictus

Parution : Décembre 2021

Prix : 2 €

Description :

Expression d’un malaise, d’un dégoût, symptôme de panique, de douleur, de méchanceté, de moquerie ou encore de folie, la grimace défigure de façon récurrente les protagonistes de Claude Chabrol. Elle se manifeste souvent comme le prolongement d’un dérèglement psychique, d’une inquiétude ou d’une angoisse qui littéralement les secoue ou les agite. Tour à tour lâcher prise, crispation, siège de bouffées délirantes, cette défiguration des personnages tend à cristalliser des moments clés dans le récit, à extérioriser ce qui est resté trop longtemps enfoui, ou à faire surgir un nouveau masque. La grimace apparaît alors comme l’annonce d’un basculement, allant parfois jusqu’à marquer le basculement lui-même.

Ce texte propose, à travers une étude transversale de l’œuvre cinématographique et télévisuelle de Chabrol, de voir à la fois comment et à quel moment la grimace et d’autres rictus s’emparent des personnages sous la forme d’émotions enfouies, d’obsessions et de pulsions, cette figuration inscrivant l’œuvre de Chabrol dans une certaine forme d’expressionnisme où le grotesque prend tour à tour une dimension comique et sinistre.

Par ailleurs, la grimace semble représenter l’une des contradictions propres à l’univers du cinéaste : un mélange de figement et de mouvement. Les protagonistes chabroliens sont bien souvent pris entre le calme des apparences qu’il s’agit de préserver et des élans impromptus, une volonté de se mouvoir, de libérer leurs mouvements au gré de leurs désirs et de leurs pulsions, quitte à ce que ces élans prennent la forme d’un coup d’éclat ou d’un geste fatal. Lorsqu’elle prend notamment la forme du rictus, la grimace, en plus de mettre un terme à une impassibilité trop pesante, devient la clé physiologique de cette contradiction, avec la contraction excessive et parfois grotesque des muscles du visage.

La mise en scène de Chabrol s’accorde elle-même à cet état contradictoire, dans une oscillation entre fluidité et interruption plus ou moins brutale, à des moments où la grimace surgit à l’écran dans un mélange de stupeur et de tremblement. Il s’agira donc d’étudier comment la mise en scène de Chabrol tend à révéler, à travers la grimace, cette contradiction fondamentale entraînant bien souvent ses films à la lisière du fantastique…

Auteur : Hélène Frazik

Format : PDF à télécharger

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