Numéro : 61

Titre : Le film à l’épreuve du doute

Parution : Décembre 2017

Prix : 2 €

Description :

À l’ère terrible du 11 septembre, il est légitime de se demander à quel saint peut-on encore se vouer. Le contexte de terreur éclaire la genèse de Signes (Signs, 2001) qui véhicule les peurs contemporaines et revêt une dimension de parabole. Shyamalan y revisite en effet le film de science-fiction en partant d’un cauchemar, celui dont se réveille aussi au sens propre le héros, pour mieux nous mettre face à des questions existentielles. Laurent Dandrieu a-t-il raison de qualifier le film de « délire-mystico-dingo » ? Que raconte-t-il ? Après la perte de sa femme, Graham Hess (Mel Gibson) a renoncé à exercer sa fonction de pasteur. Tout en s’occupant de sa ferme, il tente d’élever de son mieux ses deux enfants, Morgan et Bo. Son jeune frère Merrill (Joaquin Phoenix), ancien champion de baseball, est revenu vivre avec lui pour l’aider. Mais la découverte de crop circles fait penser qu’une invasion d’extraterrestres est en cours.

« Canular ou réalité ? » demande un professeur de Columbia University interviewé dans son salon à la télévision. La question vaut aussi pour le film dans son ensemble. Le voir et a fortiori le revoir, c’est donc refuser l’emprise du seul suspense aliénant au bénéfice d’une interrogation qui va changer de nature car, pour paraphraser David Honnorat, la présence des aliens vient interroger la foi du spectateur, au risque de perdre son impact horrifique.

Si, malgré tout, le film résiste à la dissipation complète de l’horreur, c’est qu’il réveille secrètement une terreur plus inquiétante encore que l’invasion de corps étrangers : que le familier lui-même ne se transforme en étranger. Plus qu’élucider de mystérieux signes, c’est retrouver ses enfants qui importe en effet au héros éprouvé par son deuil. Car la fable nous raconte une histoire à dormir debout pour mieux, tout en nous divertissant, nous renvoyer aux valeurs qui nous font réagir à nos angoisses.

Le cinéma, en effet, se réduit-il à une manipulation stérile dont nous subirions l’illusion ou peut-il offrir de quoi vivre ? Est-il récit d’une pure fiction (bien qu’inspirée du réel) ou également avènement d’une présence, authentique expérience ?

Auteur : Violaine Caminade De Schuytter

Format : PDF à télécharger

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