Numéro : 68

Titre : Le picaro et la voie du milieu

Parution : Juin 2021

Prix : 2 €

Description :

À travers le regard de ses personnages de losers, de parasites, de fous, de reclus ou d’errants, d’adultes naïfs et d’enfants lucides, autant de héros paradoxaux aux valeurs ambiguës, le cinéma de Bong Joon-ho se plaît à nuancer tout idéalisme. Dans un monde pourtant binaire, mais contrasté et cyclique, se confrontent sans manichéisme ni utopisme l’occident et l’orient, la ville et la ruralité, les puissants et les opprimés, les bavards et les taiseux, cela au profit d’un projet esthétique tendant à faire ressentir « le contraste entre les petites choses banales de la vie et les événements qui les dépassent. »

Inspiré de la littérature espagnole du XVIème siècle dans laquelle le héros est un « marginal […] qui voit et s’étonne de ce que les autres admettent et reçoivent comme naturel », le récit picaresque structure ses films sur la base d’une lutte des classes dans une représentation du monde animiste. Par-delà la confrontation de cette représentation binaire du monde, la veine picaresque dans le cinéma de Bong Joon-ho véhicule, au sein d’un monde capitaliste en crise, une réflexion philosophique universelle sur l’homme dans sa quête, toute orientale, du dao, la « voie du milieu » ; elle s’exprime dans son cinéma, non pas dans le dépassement et la dénonciation des apparences comme en littérature, mais à la surface des choses. Dans ce monde en lutte, l’utopie cède le pas à la contemplation rêveuse et naïve d’un présent vibrant et d’une nature dont il revient au film de traduire la fragilité et la saveur à même la peau…

Auteur : Nathalie Mauffrey

Format : PDF à télécharger

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