Numéro : 64

Titre : Le regard pour le regard

Parution : Juin 2019

Prix : 2 €

Description :

Est-ce que « regarder » s'apprend ? « Oui », dirait le gérant du libre-service (Frantisek Kosina) qui entend enseigner à sa nouvelle recrue, Petr (Ladislav Jakim), à regarder : regarder l'air de rien, comme si, sans fixer. Pour le patron, il n'y a aucun doute, c'est tout un travail ; un travail qui permet d'éduquer les gens (ses clients) à l'honnêteté ; à la beauté aussi.

« Qu'est-ce qu'on regarde et comment regarde-t-on ? » semble bien être tout l'enjeu de cette première réalisation de Miloš Forman. Y a-t-il plus belle façon d'entrer en cinéma ? Ces questions premières, primordiales, font montre d'humilité. L'As de pique (Cerný Petr) se termine sur un regard, celui du père de Petr (Jan Vostrcil). Loin d'apporter une réponse à la question posée, Miloš Forman fait de son cinéma à venir une quête, plus qu'une résolution. Libre à chacun d'ailleurs de voir en Petr un « as de pique » (comme le perçoit son propre père qui ne craint pas de le traiter de bête, d'épouvantail et d'abruti) ou un artiste… C'est une question de regard, de sensibilité, de subjectivité. Peut-on se fier au regard ou y a-t-il forcément malentendu (on devrait dire « malvu ») ?

Parler de regard, c'est dire la place de l'homme au monde. Le cinéma dé-visage (il regarde intensément son sujet) pour envisager, voire ré-envisager l'homme, c'est-à-dire lui donner un autre visage, loin des apparences et des préjugés. Le regard s'apprend, sans doute, pour voir à travers le vu…

Auteur : Myriam Villain

Format : PDF à télécharger

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