Numéro : 66

Titre : Ô saisons, Ô chansons

Parution : Juin 2020

Prix : 2 €

Description :

Art mineur, la chanson est pourtant ce qui dans la comédie musicale, selon Michel Chion, nous touche véritablement, parce que c’est à cet instant précis que « les personnages, hommes et femmes, expriment et répandent leur joie, leurs espoirs, déceptions, appréhensions heureuses ou inquiètes […] sous des formes et avec des mots que chacun peut reprendre, […] des mots qui, dansés et chantés, circulent ». Cinéaste éclectique et exigeante, qui trempe l’encre de sa « cinécriture » dans tous les modes d’expression artistique pour mettre en circulation une « culture vivante » et rechercher « une prise de contact avec les choses », Agnès VARDA, d’abord photographe et amatrice d’art, s’est rêvée chansonnière en même temps qu’elle réalisait ses premiers films, et c’est en 1960 pour la comédie musicale Lola de son compagnon Jacques Demy qu’elle écrit sa première chanson. Dès lors, il n’est pas un film dans lequel la cinéaste n’ait « poussé la chansonnette » pour relancer cette imagination collective qu’elle met en œuvre dans ses films, que Varda écrive ou non les paroles, les chante ou les fasse chanter par des acteurs jouant le rôle de chanteurs ou par de véritables chanteurs jouant les acteurs. Chansons populaires, classiques ou modernes, toutes insufflent un souffle poétique qui circule et forme des bulles de rêveries, toujours bien ancrées et visibles dans le monde réel représenté.

Cette circulation entre tradition populaire et expression personnelle relève d’un engagement autant politique que poétique de la cinéaste, car la chanson dans ses films ouvre un espace autre, de jeu, à la fois dans et en dehors de la réalité, dans lequel le sens circule de soi à l’autre à travers l’image filmique et ce à des fins re- et récréatives…

Auteur : Nathalie Mauffrey

Format : PDF à télécharger

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