Numéro : 63

Titre : Poétique des testicules

Parution : Décembre 2018

Prix : 2 €

Description :

On peut voir Pompoko (Heisei Tanuki Gassen Ponpoko, Isao Takahata, 1994) comme un conte moderne. À la fin des années soixante, une communauté de tanuki,chiens viverrins auxquels le folklore japonais prête des pouvoirs de transformation, est menacée par l’expansion urbaine. Les forêts et les collines de la haute vallée de Tama sont peu à peu rongées par la périphérie tokyoïte. Dès lors, les tanuki organisent diverses formes de résistance afin de préserver leur lieu et leur mode de vie. Alors qu’ils oscillent entre moments d’enthousiasme et de doute, les kitsune, renards également polymorphes, acceptent quant à eux de vivre sous une apparence humaine et cèdent à l’uniformisation capitaliste du Japon. Tels des phasmes, ils « brise[nt] la hiérarchie exigible de toute imitation » : ils ne sont plus que copies, « le moins-être a mangé l’être, possède l’être, il est à sa place ».

Ne souhaitant pas suivre cette voie, les tanuki cultivent leur « Grand Art », pouvoir métamorphique concentré dans leurs testicules. Ainsi comptent-ils enrayer la dynamique de reconstruction effrénée et le processus de transformation de la société nippone. Certes, ces créatures bonhommes et gourmandes ne sont pas insensibles à l’alimentation industrielle et à l’esprit du consumérisme, mais elles demeurent fondamentalement liées aux belles œuvres (fair works) de la nature, à l’inverse des kitsune, qui choisissent le camp de l’homme qui a fait de l’homme un simple rouage économique dont l’urbanité supplante l’humanité.

Au fil des péripéties, le film dépeint la situation fragile des tanuki, dont le drame est d’être pris entre deux feux : forêt et ville, condition sauvage et désir de société, caractère animal et conscience du monde, nature et culture. De cette condition fragile, mouvante et incertaine, le réalisateur fait le principe même de sa poétique animée…

Auteurs : Julien Cobos, Nicolas Cvetko

Format : PDF à télécharger

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