Numéro : 47

Titre : Projections et reflets

Parution : Décembre 2010

Prix : 2 €

Description :

On peut considérer comme un signe de maturité qu’un art se mette à réfléchir sur lui-même, donc à se réfléchir, ce qui est chose faite depuis longtemps avec le cinéma. On pourrait dire qu’il en va de même des cinéastes : nombre d’entre eux, et des plus grands, ont, à un moment ou un autre de leur oeuvre, représenté leur art, à travers un personnage de réalisateur, par l’évocation du tournage d’un film ou du milieu cinématographique, en opérant une sorte de projection d’eux-mêmes. C’est avec son septième long métrage que Tim Burton entreprend une réflexion plus ou moins directe sur son métier de cinéaste en prenant pour modèle, comme on le dirait d’un portraitiste, un réalisateur qui pourrait être plutôt considéré comme un anti-modèle, puisqu’il doit sa célébrité au fait d’avoir été désigné comme le plus mauvais metteur en scène de l’histoire du cinéma. Il s’agit donc, à la base, d’un personnage réel, en l’occurrence Edward D. Wood, né en 1924 et mort en 1978 ; cependant Tim Burton a déclaré n’avoir pas souhaité raconter sa vie, sous la forme référencée du « biopic ». Il a préféré construire un film à facettes, reflétant des moments d’une existence dominée par un désir d’expression cinématographique. On peut voir que dans le développement diégétique du film Ed Wood, apparaissent de nombreuses images, fixes ou animées, qui sont une source d’inspiration pour le personnage du réalisateur interprété par Johnny Depp. On y découvre ensuite les images qu’il réalise lui-même en tant que cinéaste, d’abord au moment des tournages, puis lors de projections. Mais ces images mêmes ne sont autres que celles réalisées par Tim Burton, qui recrée ainsi des films à l’intérieur du sien, par un effet miroir où se projette sa conception du cinéma...

Auteur : Patrice Lajus

Format : PDF à télécharger

Ajouter au panier