Numéro : 38

Titre : Strangers on a Mystery train

Parution : Février 2006

Prix : 2 €

Description :

Voici ce qu’on a coutume d’appeler une séquence d’exposition. Fonction classique : exposer, précisément, à partir du noir ou du blanc initial ; tracer des signes, des lignes, qui seront creusés et suivis, abandonnés puis retrouvés. Mais encore, plus concrètement : planter un décor, présenter des personnages ; les remplir de l’intérieur, tresser à partir d’eux des espaces, des thèmes, un monde que l’on se plaira, à proportion de ce qu’il aura fait résonner en nous, à goûter comme fiction. La séquence qui ouvre Mystery Train respecte ce cahier des charges, en égrenant une série de motifs visuels et sonores qui répondent à une triple exigence : celle du film d’abord, qui demande à être d’emblée lisible, à organiser et à rendre sensible même, au besoin, sa propre opacité. Celle du cinéaste ensuite, qui trouve dans ce nouvel opus la matière et l’occasion d’affirmer quelques-uns de ses gestes essentiels de mise en scène, d’organiser des obsessions ou d’affronter des hantises. Celle du contexte enfin, puisque le film de Jim Jarmusch appartient à ce moment qu’on qualifiera, pour le dire très vite, de postmoderne, dans lequel l’idée d’indépendance artistique commence sérieusement à se faire jour dans le cinéma d’outre-atlantique et se saisit de ses propres mythologies pour les interroger de façon poétique et, le plus souvent, désenchantée…

Auteur : Éric Thouvenel

Format : PDF à télécharger

Ajouter au panier